On ne cesse de le dire et de s’en vanter. La Côte d’Ivoire est en pleine expansion. Selon la banque mondiale, sa croissance économique est dynamique forte et stable depuis 2012 avec une régression à 1.8 % en 2020 du fait de la covid 19, là où elle était à 6.8 en 2019. Toujours est-il que le pays demeure malgré tout, le principal poumon économique d’Afrique de l’Ouest francophone et exerce une réelle influence dans la région.
L’entrepreneuriat et la production locale jouent un rôle important dans cette croissance.
Eh oui, ici à Abidjan, le virus de l’entrepreneuriat fait rage. Les Pme représentent 98 % du tissu économique.
Les Ivoiriens se lancent dans différents domaines d’activité allant de la transformation des produits locaux à l’artisanat en passant par l’industrie. Nous proposant des solutions de plus en plus innovantes et portées sur la valorisation de nos produits et nos talents locaux. On assiste à une mise en avant du made in CI. Un made in CI encore timide, qui peine à s’affirmer au plan local et se crédibiliser au plan international.
Made in CI , qu’est ce que c’est ?
MADE in est une expression anglaise qui signifie de façon littérale viens de, originaire de . Au fil des années, cette expression a été utilisée pour indiquer l’origine d’un produit, ou son pays de fabrication. Au point de devenir un label, une marque déposée.
Nombreux sont les pays qui ont officialisé ce label en leur saint, permettant aux entreprises qui respectent les conditions de bénéficier de l’inscription de ce label sur leurs produits, leur offrant de la crédibilité et de la valeur. Ici, en CI ce label n’existe que de nom. Les producteurs et entrepreneurs locaux, font l’effort de le mettre en avant, mais n’ont pas encore un cadre légal ou l’obtenir de façon légitime . En tout cas les recherche que j’ai faite n’ont rien donné à ce sujet. Certains pays africains comme le Burkina Faso et le Cameroun ont pu le faire, mais cette initiative est encore à ses tâtonnements, là où en Europe, la mention donne du crédit et augmente même le chiffre d’affaires de certaines entreprises.
Des exemples qui marchent
En France, le label a une grande valeur, car certaines conditions sont imposées et il peut être octroyé et retiré à une entreprise qui ne respecte plus les conditions. Mais ce qui crée l’avantage est le fait que les populations ont une démarche consciencieuse dans leurs achats (Ils se préoccupent de la provenance du produit.)
Les consommateurs étrangers en raffolent également . Cela est lié aux secteurs du luxe, de la mode et de la gastronomie qui sont considérés comme symboles du succès français. De ce fait, le Made in France fait référence à un produit haut de gamme et séduit donc systématiquement une clientèle attirée par cette image.
Chez nos Voisins du Burkina Faso , la création d’une certification liée au label est due à un désir de le rendre plus compétitif sur le marché international . De ce fait , proposer des produits de qualité est devenu une nécessité . c’est ainsi qu’a été créé la norme Burkina Faso NBF . Une norme qui a permis au pays d’améliorer les performances à l’exportation de plus de 2.5 % comparé aux années précédentes.
Toujours est-il que chaque pays, travaille et de façon légale à prouver la qualité et l’authenticité de ses produits.
Une production locale qui tend a se diversifier et se professionnaliser
Revenons à la Côte d’Ivoire .
Niveau production locale, on dira que les choses s’accélèrent. De plus en plus d’entrepreneurs se lancent dans la valorisation de certains produits locaux et mettent l’accent sur la multiplicité des usages, la production du packaging et la commercialisation en grande surface.
Nous pouvons avoir du mil de l’attiéké des chips de banane, des tenues en pagnes tissés modernisés, et même « de l’électroménager. » Toujours est-il que les Ivoiriens sont encore timides côtés achats.
Les freins majeurs à la promotion du made in Côte d’Ivoire
Fabrication de l’attieke par les femmes du quartier Blockhaus à Abidjan.
Plusieurs facteurs sont à l’origine et parmi ceux-ci, nous pouvons citer le fait que :
- les Ivoiriens font difficilement la transition entre l’époque où ils pouvaient avoir les mêmes produits au marché à des prix bas, et celle où ils peuvent les avoir aujourd’hui en grande surface avec un packaging et à prix plus élevés.
les habitudes ont souvent la peau dure en Côte d’Ivoire à par les jeunes qui acceptent facilement le changement et l’innovation, les personnes d’un certain âge sont encore attachées à leurs habitudes . Il est par exemple difficile pour certaines femmes d’acheter les produits déjà traité et emballé au super marché alors qu’elles peuvent les avoir chez leurs fournisseurs habituels et parfois à moindre cout . surtout qu’il faut encore évaluer le nombre de ménages qui font leurs courses au super marché.
- L’identification et la fiabilité du produit liée au mode de production de conservation et à la qualité.
Comme mentionné plus haut, l’un des freins majeurs à la consommation du made in CI est avant tout l’identification, il est difficile de reconnaitre à vue d’œil un produit made in CI . Il y a ensuite la fiabilité et la qualité des produits utilisés . Des produits naturels certes, mais nous n’avons pas encore de certitude sur leur qualité de production . D’où la nécessité d’un label légal et officiel .
- L’influence occidentale avec un marketing et une publicité plus poussée.
Le placement des produits importés est le marketing qui les entours, nous donne l’impression que ces produits sont de meilleure qualité que les nôtres, ce qui le plus souvent n’est pas le cas .Ces produits ont plus de crédibilité à nos yeux que nos produits locaux et nous avons pris l’habitude de les utiliser.
- Au niveau de l’exportation, la Côte d’Ivoire est encore axée sur l’exportation de produits agricoles tels que le café et le cacao. Les produits agricoles représentent pas moins de 68,9 % de la valeur totale des exportations. Les produits de transformation locale sont de moins en moins exportés. la diaspora ivoirienne des pays étrangers arrive à se retrouver dans ces produits qui sont proposés et donc les consomme, mais pas en grande quantité.
Le défi pour les ivoiriens de promouvoir leur label
Un grand défi s’impose alors à nous : valoriser et consommer nos produits locaux. Et pour cela , les différents partis, doivent s’impliquer . D’abord l’État à travers la création d’un cadre légal et d’une identification nationale . Et ensuite la société civile à travers la promotion et la consommation de nos produits .
Nous nous plaignons de nos conditions de vie, du retard de l’Afrique, de la pauvreté de notre continent. Mais à côté de cela, nous contribuons fortement à enrichir les firmes internationales. Toutes ces choses que nous recherchons passent avant tout par la valorisation de nos valeurs, nos produits et nos champions nationaux. Consommer le made in CI, c’est aller au super marché pour acheter de la poudre de cacao, voir des marques étrangères, une marque fabriquée par un entrepreneur ivoirien et choisir celle de l’Ivoirien.
C’est décider par exemple de privilégier les entreprises ivoiriennes lorsque nous cherchons des sous-traitants . Il est clair que le coût de certains produits est assez élevé et certaines personnes ne peuvent se le permettre, (anecdote) mais le premier pas serait par exemple lorsque nous allons faire les courses de prévoir une somme dédiée à l’achat d’un produit local. Où de tout simplement privilégier les produits locaux dans nos achats.
La consommation du made in Ci reste un défi pour les populations locales, toujours, est-il que nous devons faire des efforts et mettre en avant nos entrepreneurs.
Et vous qu’est-ce qui constitue un frein pour vous à la consommation du made in Ci, veuillez nous le signifier en commentaire et partager avec nous les produits que vous préférez.
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